TROISIÈME
PARTIE :
Paoli et la Révolution Française, 1789-1793.
Les
décrets du 30 Novembre 1789
Au cour
de la séance du 30 Novembre, le secrétaire Volney fait
lecture d’une lettre de la municipalité de Bastia
concernant l’inquiétude des Corse sur leur sort dont
ils ne savent s’ils seront rendus à Gêne, maintenus
sous gouvernement militaire ou intégré définitivement à la
France.
Le député Corse Salicetti fait demande à l’Assemblée
que soit rendu un décret intégrant la Corse à la France.
Ainsi il est décrété :
« L’île
de Corse est déclarée partie de l’Empire
français ; ses habitants seront régis par la même
Constitution que tous les autres français, et dès ce moment
le Roi est supplié d’y faire parvenir tous les
décrets de l’Assemblée Nationale. »
Ainsi la
chose est entendue,
ce décret marque le début « officiel » de la
Corse française.
A ce vote répond un Mémoire de protestation de la
République de Gênes. En effet, pour la sérénissime
république, le traité de Versaille de 1768 a été violé.
Mais l’Assemblée fera fi de cette demande et
maintiendra sa décision au grand soulagement des Corses et
de Paoli qui craignait vivement un retour de Gêne.
Un autre décret est pris dans la foulée du premier :
« L’Assemblée
Nationale décrête que ceux des Corses qui, après avoir
combattu pour leur liberté, se sont expatriés, par
l’effet et la suite de la conquête de l’île, et
qui cependant ne sont coupable d’aucun délit légaux
auront dès ce moment la faculté de rentrer dans leur pays
pour y exercer tous les droits de citoyen français, et que
le Roi sera supplié de donner, sans délais, tous les ordres
nécessaires pour cet objet ».
Paoli peut donc revenir en Corse ! Il adresse une
lettre à l’Assemblée Constituante datée du 11
décembre 1789.
« …En
admettant la Corse à la parfaite jouissance de tous les
avantages qui résultent de l’heureuse constitution
qu’elle vient d’établir, elle a enfin trouvé le
moyen le plus infaillible de s’assurer à jamais
l’attachement et la fidélité de ses
habitants…En accordant à mes compagnons expatriés de
pouvoir rentrer chez eux, et jouir de tous les privilèges
de citoyens français, pendant qu’elle fait éclater sa
justice et sa générosité, elle attache à sa nouvelle
constitution un nombre infini d’individus qui la
défendront jusqu'à verser la dernière goute de leur
sang…
La lune de miel entre l’île et le Continent est
indéniable. Paoli est reçu en héros par les
révolutionnaires.
Paoli et les révolutionnaires Français.
Le trois
avril 1790, Paoli arrive sur Paris et rencontre plusieurs
délégations venues de Corse.
Le 8 avril il est présenté au roi Louis XVI par La Fayette.
Surtout, le 22 avril une délégation de député Corse est
reçue a l’Assemblée Nationale, le jour est mémorable,
Paoli s’adresse aux députés et sera longuement
applaudis.
« Messieurs,
ce jour est le plus heureux et le plus beau de ma vie. Je
l’ai passé à rechercher la liberté et j’en vois
ici le plus noble spectacle. J’ai quitté ma patrie
asservie, je la retrouve libre, je n’ai plus rien à
désirer ».
Comme il
semble désormais loin, le temps de Ponte Novu…
Avant de quitter Paris il est reçu à la Société des amis de
la Constitution de Robespierre. Il s’embarque pour la
Corse depuis Toulon le 14 juillet 1790.
Le 9 septembre, une assemblée du couvent d’Orezza lui
confit la présidence du Conseil général et le commandement
de la garde nationale.
Paoli n’a pas que des amis, ses ennemis commencent a
propager la rumeur qu’il souhaite donner l’ile
à l’Angleterre. Le député Salicetti s’indigne
devant l’Assemblée et défend Paoli.
Mais Buttafuoco, lui aussi député Corse critique deux mois
plus tard la gestion administrative de Paoli. Salicetti
défend Paoli une fois de plus.
En 1791 le jeune Bonaparte écrit une lettre a Buttafuoco
afin de défendre et de soutenir Paoli.
L’île connaît des mouvements contre-révolutionnaires
et Paoli tente d’y maintenir l’ordre. Il se
méfit de l’emballement révolutionnaire symbolisé par
la création de Clubs. Son action est saluée par
l’Assemblée. Ces troublent illustrent surtout les
profondes divisions de la société corses.
Le 21 septembre 1792 la République est proclamée.
La
rupture entre Paoli et la Révolution.
L’expédition
de Sardaigne
La
Convention ordonne a Paoli de préparer une invasion de la
Sardaigne. Napoléon Bonaparte y participe en tant que Sous
lieutenant. Mais l’expédition fut un échec lamentable
à cause de l’indiscipline d’hommes de troupe
venus de Toulon.
L’échec fut imputé à Paoli.
La rupture idéologique
Loin
d’avoir apporté la paix et la liberté à la Corse
comme il l’espérait, la révolution sous
l’impulsion des Jacobins prend une tournure qui
conduit à la rupture entre Paoli et Paris. L’île se
trouve très divisée, quasiment au bord de la guerre civile.
Paoli est un pragmatique et un empirique. Sous
l’impulsion des Jacobins, la révolution tourne à la
terreur. Paoli qui avait souscrit sans réserve à
l’esprit de 1789 s’inquiete de ces dérives
criminelles qui l’horrifient. Il souhaite désormais
protéger la Corse de la Terreur qui rappelons le ; tua
environ 300000 personnes, dont la plupart étaient loin
d’être des ennemis de la République.
La mort du Roi fut aussi très mal ressentie par Paoli .
Enfin, Paoli doit faire face avec la Convention a une
puissante force centralisatrice initié par les Jacobins,
lui qui espérait une république plus
« régionale ».
Paoli, « Traitre à la République »
Les
Corses défavorables à Paoli réussissent à Convaincre la
Convention que Paoli doit être mit hors la loi. Parmi les
accusateurs on retrouve la famille Bonaparte. De cet
épisode dâte la rupture entre Paolistes et la future
famille Impériale. Les Bonapartes sont chassés de Corse et
se réfugient sur le Continent.
L’appel aux Anglais et la rupture avec la France
Le
25 Août 1793, Pascal Paoli écrit à l’amiral Hood afin
d’implorer la protection de la Grande-Bretagne. En
effet, la Corse ne peut résister seule à la Convention.
Sans attendre la conclusion d’un accord, les anglais
interviennent. Les preuves existent d’une union entre
troupes britanniques et troupes Corses.
Le 4 janvier 1794 Paoli écrit :
« Milord ;
…J’assure encore votre Seigneurie que
c’est mon souhait et le désir de mon peuple de nous
mettre sous le gouvernement et la protection de Sa Majesté
britannique et de sa
Nation… »
Le 16 janvier 1794, Sir Gilbert Elliot rencontre Pascal
Paoli, et ensemble ils s‘accordent sur le futur
régime Constitutionnel du Royaume Anglo-Corse
Le 21 avril , Hood et Elliot écrivent à Paoli :
« Il
apparaît que les Corses désirent nouer une union
perpétuelle avec la nation britannique. (…) On doit
d’abord s’assurer du consentement libre et
général du peuple corse. La victoire sur l’ennemi
étant maintenant certaine, il faut donner à l’union
une consécration formelle. »
Le 9 mai 1794, le Conseil général du gouvernement provisoir
de la Corse publie le procès verbal d’organisation
des élections.
Le 25 mai 1794 les élections se tiennent dans toute
l’île et l’Assemblée du Peuple Corse se réunit
à Corté le 10 juin 1794.
Entre temps, les Anglais avaient pris Saint Florent le 17
février 1794 et le 21 mai Bastia.
C’est a Calvi que s’illustre Nelson le 20
juillet 1794.
Ce
jour-là est proclamé solennellement la séparation de
l’île avec la France. Les motifs sont exposés dans la
déclaration.
Ainsi il est rappelé que les Corses avait adhéré totalement
à la Révolution de 1789.
Mais que la tournure des événements du fait de la prise de
pouvoir des Jacobins qui selon eux trahirent l’esprit
Révolutionnaire de 1789 par une nouvelle Tyrannie
justifiait la séparation de l’île de la France. La
Corse ne fut pas la seule région à cette époque à rentrer
en rébellion contre le pouvoir central. Il ne s’agit
pas d’une action contre-révolutionnaire mais une
réaction à un certain type de Révolution auquel ils
n’adhèrent plus pour la plupart.
C’est à l’unanimité qu’est approuvé le 19
juin 1794 la nouvelle Constitution établissant le Royaume
Anglo-Corse.
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