CINQUIÈME PARTIE : La fin d’une vie de roman, 1795-1807



Paoli est malade, il souffre de calculs à la vessie et sa vue a grandement diminué. Pourtant son esprit est plus préoccupés par ses petits-neveux, ses neveux, ainsi que ses amis.

Après l’échec du Royaume Anglo-Corse, Paoli ne souhaite qu’une chose, la Paix pour les corses et regarde d’un mauvais œil les tentatives de rébellion car il sait qu’elles seront sévèrement réprimées. Ainsi il écrit une lettre allant dans ce sens à Nobili-Savelli.

Le premier Avril 1800 il condamne toute tentative qui consisterait a donner la Corse aux moscovites ou aux Bourbons.

Le 4 septembre 1801, il écrit une nouvelle lettre dans laquelle il dit attendre la paix qui permettra de fixer définitivement le sort de la « Patrie ».


L’ascencion de Bonaparte l’interpelle, il y voit la preuve que les Corses peuvent réussir aussi bien que les autres. A ce moment-là il espère une modération du gouvernement français dans le répression et que la Corse vive libre dans la souveraineté française.

Il a toujours espéré la liberté pour la Patrie, ainsi peu importe « la main qui lui a donné », seul le résultat compte. Il considère le sort de la Corse comme meilleurs que celui d’autres patries européennes. Au vu du contexte et au vu des luttes passés, son analyse est tout à fait cohérente et compréhensible. Paoli était un pragmatique et un empirique, d’autant plus qu’il ne confondait pas la liberté et l’indépendance.



Il écrit :
« louons le ciel ect…Liberté et bonnes lois : cela notre pays l’a obtenu en commun avec la France grâce à l’un de nos compatriotes. Dans le systême présent de politique européenne nous n’aurions pu jouir de ce bien en formant un Etat Indépendant ».

Le 6 septembre 1802 il écrit :
« …Ils sont libres et dans des conditions égales a celle des français. La liberté fut l’objet de nos révolutions ; celle ci aujourd’hui se plait dans notre île, qu’importe de quelle main elle nous est parvenue ? Mais nous avons la bonne fortune de l’avoir obtenue par un de nos compatriotes qui avec honneur et Gloire a vengé la Patrie des injures que presque toutes les nations lui avaient faîtes. Et a présent le mot corse n’est plus déprecié… »

Malheureusement Napoléon se montrera un enfant bien infidèle de son île en y favorisant plus une logique « colonniale » et répressive à une logique d’intégration démocratique.


Le 21 décembre 1802 Paoli écrit :
« Les Corses sont libres ? C’était ma volonté ! Je fermerais les yeux au grand sommeil content et sans remords sur ma conduite politique. Dieu me pardonnera le reste… »

Paoli s’inquiète aussi de l’éducation de ses neveux. Il souhaite pour eux une éducation qui puisse leur donner toutes chances dans la nouvelle donne que représente la Corse française.

« Nous sommes unis à cette Nation, il faut se conformer à sa langue, à ses mœurs et habitudes si l’on veut faire quelques progrès dans le monde . »


Pasquale Paoli meurt le 5 février 1807 à Londres à l’âge de 82 ans. Il est enterré, selon sa volonté, dans le cimetière de Saint Pancras.
Un buste sculpté par Flaxman, considéré comme le plus grand de son époque, ainsi qu’une plaque résumant la vie du grand homme sont installés à Westminster, lieu de couronnement de tous les souverains Britanniques.

Contrairement à ce que l’on peut lire ici ou là, Paoli n’est absolument pas enterré dans la crypte de Westminster, ses cendres reposent depuis 1889 dans la chapelle familiale de sa maison natale à Morosaglia.

Le souvenir de Paoli ne quitta jamais les Corses et il est rare de constater un tel amour pour un dirigeant plus de deux siècles après sa mort.